Stéphanie ROSELIÈRE
Auteure et lectrice passionnée

« Chaque livre a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, vécu et rêvé avec lui. »

Vous le savez : la concurrence est rude dans le monde du livre. Il y a tellement de sorties littéraires par jour, tellement d’auteurs autoédités ou de maisons d’édition, que les diffuseurs/distributeurs ont de plus en plus besoin de catégoriser les histoires. C’est une façon de guider les lecteurs au mieux. On voit ainsi fleurir tout un tas de genres et sous-genres de littérature, et le domaine de l’imaginaire n’est pas en reste avec sa fameuse SFFF (Science Fiction Fantasy Fantastique). Mais qu’est ce que cela veut dire exactement ? Petit tour d’horizon…

La science-fiction

La science-fiction repose sur des spéculations de l’auteur offrant l’aperçu d’un monde futuriste. On y découvre des dispositifs qui paraissent extraordinaires mais qui ont une explication mécanique et scientifique. Ce type de récit met en avant une technologie avancée et se passe souvent dans l’espace (bien que ce ne soit pas une condition du genre). C’est assez difficile de déterminer ce qui est de la pure science-fiction, cette dernière étant souvent étroitement liée à des sous-genres tels que :

  • Le space opera qui se passe sur plusieurs planètes.
  • Le cyberpunk qui intègre la robotique et le réseau Internet.
  • Le steampunk qui se déroule à l’âge de la vapeur.
  • La dystopie (ou science-fiction dystopique) qui est une contre-utopie où le groupe prime sur l’individu.
  • L’uchronie qui réinvente notre monde actuel en modifiant un important événement historique.
  • Le roman d’anticipation.
  • Le post apocalyptique suite à une ère glaciaire, un virus, une guerre nucléaire, une invasion extraterrestre, une prise de pouvoir de l’Intelligence Artificielle…

 

Côté romans, nous avons par exemple La Nuit des Temps de Barjavel, Je suis une légende de Richard Matheson, la saga Hunger Games de Suzanne Collins ou encore la duologie The Book of Ivy d’Amy Engel.
Côté cinéma, La planète des singes, Avatar, Bienvenue à Gattaca, Matrix

Et puis, il y a Star Wars me direz-vous.
Eh bien, c’est là que ça se corse. Dans cette saga, il y a aussi de la magie et la quête du bien contre le mal. On se rapproche donc de la fantasy.

La fantasy

La fantasy est par définition un monde complètement imaginaire avec une prédominance de la magie ou de l’alchimie. On y rencontre des créatures surnaturelles : dragons, hydres, monstres marins, griffons, licornes, fées, lutins, gobelins, ogres, magiciens, sorcières, satyres, démons, divinités… Toute une mythologie est reprise dans une ambiance, soit de conte de fées, soit de quête chevaleresque.
Le schéma est sensiblement le même selon les récits : un héros, un guide spirituel, une quête et l’enjeu de sauver le monde, souvent une prophétie. L’opposition entre le bien et le mal est très marquée, comme celle entre ville et campagne. On y trouve des lieux symboliques, servant de passage d’un monde à un autre ; les plus connus étant le fond d’une armoire, un cercle de pierres, des miroirs… La géographie n’est pas celle que l’on connait et les noms ont le plus souvent une consonance exotique. D’autre part, ce type de récit se passe, dans la majorité des cas, dans un monde au mode de vie médiéval.

Bien entendu, tout comme la science-fiction, la fantasy se divise en plusieurs sous-genres dont les plus répandus sont :

  • La fantasy arthurienne qui évoque les grands mythes de Bretagne avec le culte druidique.
  • L’epic fantasy (ou heroic fantasy) dans laquelle le protagoniste est un guerrier solitaire.
  • La fantasy animalière
  • La romantasy

Comme exemple, je ne peux que vous citer les mythiques Game of Thrones, Le Seigneur des Anneaux, Les Chroniques de Shannara et la saga française La Passe Miroir. En littérature, la fantasy se présente sous forme de cycles de plusieurs tomes à la longueur assez conséquente. Il est très rare de tomber sur un one shot.

Notez également que les jeux de plateau et les jeux de rôle (comme Donjon et Dragons inventé en 1974) surfent sur ce même engouement pour la fantasy : ils permettent de devenir à son tour acteur d’une histoire épique, de transposer la magie au réel.

Le fantastique

Abordons maintenant le cas très particulier du fantastique. Aux Etats Unis, le distinguo ne se fait pas entre fantasy et fantastique, contrairement à chez nous où on parle de fantasy, de fantastique et même d’urban fantasy.

Le fantastique dépeint un monde contemporain, un cadre réel, dans lequel des éléments surnaturels interviennent. On entend par là, un ou des événements inexpliqués qui font hésiter le protagoniste. Incertitude et étonnement sont au rendez-vous, on cherche une explication logique… en vain. Le surnaturel est caché et révélé seulement à une poignée d’élus.

En France, nous allons encore plus loin dans la différenciation de genre : il est admis que le fantastique se rattache plus à des récits sombres, un peu effrayants, tandis que l’urban fantasy met en scène un héro ou une héroïne (souvent badasse) face à des êtres surnaturels dans son milieu urbain.

Voici quelques exemples de sous-genres :

  • Le polar fantastique

     

  • La romance paranormale

     

  • L’urban fantasy
  • La bit-lit (la majorité du temps imbriquée dans l’urban fantasy). C’est une littérature qui rend « à crocs » aux histoires de vampires, sorcières et loup-garou. Parfois, on y intègre aussi des zombies et des anges.
    Précisons également que le terme « bit-lit » était au départ le nom d’une collection de Bragelonne, devenu tellement populaire que l’appellation est rentrée dans le langage courant (comme « New Romance » pour désigner la romance contemporaine, sauf que cette marque étant déposée par Hugo Roman, nous ne devrions pas l’utiliser à tout bout de champ).

Les sagas d’urban fantasy les plus connues sont par exemple : Les femmes de l’Autremonde de Kelley Armstrong, Rebecca Kean de Cassandra O’Donnell et Le livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness.

Cependant, cette catégorisation a ses limites quand l’histoire se trouve à la croisée des genres.

Prenons l’exemple du roman Captive de Sang de Stéphanie Roselière (mon choix est-il orienté ? si peu…). Nous avons des vampires qui ne sont pas le fruit d’un virus ou d’une expérience scientifique, mais d’une évolution biologique. Le monde est contemporain, le récit se passe en France et aucune magie ou malédiction n’intervient. Il s’agit donc d’un roman fantastique, de la bit-lit même.
Toutefois, l’histoire laisse apparaître un complot de type thriller avec en fil rouge une romance entre deux protagonistes. On peut donc aussi le classer comme une romance fantastique.

Or, cette catégorisation peut provoquer une déception pour les amateurs de romance avec déclarations enflammées et scènes spicy (qui dans ce cas ne se prêtent pas au contexte). Tout comme le classer en bit-lit peut perturber les lecteurs habituels qui s’attendraient à retrouver dans le récit tout un panel de créatures surnaturelles.
D’un autre côté, celui qui aime varier les plaisirs peut vite être emballé par la tournure de l’histoire qui reprend certains codes de son genre littéraire, tout en se démarquant.

Vous l’aurez compris, tout n’est pas figé. Les sous-genres ne cessent jamais de se croiser et de se ré-inventer, c’est un véritable casse-tête. Sans compter qu’un livre mal catégorisé à sa sortie se vendra moins qu’un roman mis en avant auprès du bon lectorat.

Astuce : la théorie du chat qui parle

Pour conclure, je vous ai donné les grandes lignes de la SFFF, mais j’avoue que j’ai moi-même tendance à m’y perdre. En cas de doute, je me réfère alors à la fameuse théorie du chat qui parle. Si vous rencontrez dans un roman, un animal sur pattes doué de parole, vous pouvez déterminer son genre littéraire avec les déductions suivantes :

  • Si tous les chats parlent et que c’est normal, on a affaire à de la fantasy.
  • Si le chat est unique et parle à cause d’une manipulation scientifique, on nage en pleine science-fiction.  
  • Si un chat parle, mais que l’on n’en trouve pas l’explication, c’est du fantastique.

[SOURCE : article écrit en partie grâce aux informations d’un podcast de l’Institut des Carrières Littéraires.]